Sous un superbe soleil, nous gagnons le fleuve pour rejoindre Baie-Comeau. Nous avons mis la grande voile pour la beauté du geste. Le parcours a été effectué au moteur.
Nous arrivons à Baie Comeau à 18 h. La marina est toute petite et l’entrée étroite. Les pontons sont neufs, quelques voiliers attendent leurs propriétaires. Il n’y a personne dans les bureaux. Plus tard nous apprenons, plus tard, que la marina n’est pas encore ouverte. Le wifi fonctionne très mal et une connexion n’est possible que dans l’office du tourisme qui jouxte la marina, donc, toujours l’impossibilité de télécharger les photos. Il vous faudra revenir sur le journal plus tard.
Surprise nous avons trouvé une crevette qui nageait désespérément dans la cuvette des toilettes. Que peut bien ressentir une crevette enfermé dans des toilettes ? Nous n’avons pas la réponse…
ROMOUSKI - BAIE COMEAU
Départ 9 h13 - Arrivée 18 h : 53 Nm
Samedi 9 juin 2018
Une halte plus longue que prévue en raison d’un BMS (bulletin Météo Spécial) concernant notre zone de navigation. Cela a été une occasion pour revoir l’équipage d’Aladin qui habite Baie Comeau. Nous les avions croisés à Rivière au Renard, rencontrés à à Notre Dame des Monts lorsque nous remontions la côte Sud pour rejoindre Rimouski en octobre dernier. Les retrouvailles furent chaleureuses, mais trop courtes.
Mardi 12 juin 2018
Voici une information qui ne manquera pas d’intéresser les navigateurs qui voyagent dans les contrées de Baie Comeau et qui envisageraient de faire une halte à cette marina. Nous avons le regret de les informer que l’esprit marin n’a pas réussi à se diffuser jusque là. Des vents contraires sans doute.
Lorsque nous sommes arrivés, nous avons trouvé une marina presque vide et personne pour nous accueillir. Plus tard, nous apprenions que l’ouverture est prévue le 16 juin. Qu’à cela ne tienne, nous sommes autonomes et être seuls ne pose pas de problème. Puis nous avons eu la visite de plusieurs personnes. Celles-ci sont venues s’enquérir, non de notre bien être, mais de notre enregistrement. Après plusieurs péripéties où il était compliqué pour eux de trouver quelqu’un qui puisse nous prendre en charge administrativement (et surtout qui sache faire fonctionner leur terminal de carte de crédit) , nous avons réglé nos nuités au tarif pleine saison malgré l’absence d’interlocuteurs et un Wifi défectueux. C’est une première pour nous. En effet, habituellement, hors saison, nous n’avons réglé que des forfaits minimalistes ou même eu la gratuité (nos locuteurs comprenant parfaitement que nous n’étions là qu’en raison de la météo et non pour le plaisir). Ici, il y a même quelqu’un qui s’est étonné que nous ne voulions pas naviguer par 30/40 noeuds ! Bref ! Ils n’ont qu’une une vision mercantile sans aucun esprit marin. Ces braves gens vivraient-ils dans la peur d’être spoliés pour qu’ils s’angoissent ainsi ? Serions-nous devenus des cartes de crédit sur pattes sans en avoir conscience ? Où est-ce le fait d’avoir traversé le fleuve qui a engendré un changement de comportement radical entre la rive Sud et la rive Nord où nous sommes ? L’avenir nous le dira et nous ne manquerons pas de vous informer de cette évolution.
Mercredi 13 juin 2018
Il y a huit jours, nous quittions Rimouski pour Baie Comeau. Nous espérions pouvoir quitter la marina très vite. Hélas, comme souvent, une météo favorable n’est pas au rendez-vous. Nous attendons donc un créneau favorable qui nous permette de rejoindre les Sept Iles. Patience, patience…
Tout va bien à bord. Hier, nous avons triplé les amarres afin d’être en sécurité durant le passage de d’un coup de vent énergique. Aujourd’hui, un soleil radieux adoucit l’ambiance.
Le wifi est totalement défectueux.
Vendredi 15 juin 2018
Enfin, nous avons un créneau météo et quittons Baie Comeau.
BAIE COMEAU - SEPT ÎLES
Départ 10 h - Arrivée samedi 18 h : 99 nautical mile
Sous le soleil, à des températures enfin estivales ( + de 20°) notre navigation a été sans problème notable. Nous avons eu diverses situations où il a fallu gérer le vent (où son absence) suivant ses orientations. Durant quelques heures, le régulateur d’allure nous a facilité les choses. Par contre, la nuit a été plus compliquée. Un vent de face plus au moins puissant nous a obligés à barrer jusqu’à l’arrivée dans les îles.
Nous avons retrouvé les sensations liées à une navigation presque en solitaires où, de nuit, la magie était au rendez-vous. Imaginez la silhouette noire de la côte puis un dégradé de couleurs allant d’un rose/orangé glissant vers un bleu turquoise pour finir par un bleu profond lorsqu’on regardait vers l’Ouest. A l’Est, la nuit gardait son privilège d’ombre puissante. Plus nous avancions, plus la clarté mangeait l’obscurité. Vers 4 heures il faisait clair et à 5, le lever de soleil était au rendez-vous. C’est la première fois que nous vivons une nuit aussi claire et l’idée de réaliser que nous allons vers l’absence de nuit nous séduit. L’expérience devrait être un grand moment.
Côté températures nocturnes, le zéro était le N° gagnant et nous avons apprécié de pouvoir nous protéger grâce à la fermeture du cockpit et à l’inauguration de nos combinaisons « grand froid ». Pour la première fois, aucune sensation de morsure glacée qui crispe tout le corps. Avoir chaud suffit à élever d’un cran le moral et permet d’affronter l’instant beaucoup plus sereinement.
Dimanche 17 juin 2018
Comme prévu, un vent d’Est s’en donne à cœur joie depuis minuit. Il fait soleil et notre mouillage à l’anse de la prairie côté Ouest, sur l’île de la Grande Basque, nous protège bien.
Nous avons dormi 12 h et avons récupéré de notre nuit de quart. En arrivant, nous étions « crevés ». Il faut nous réadapter aux conditions maritimes et à la rigueur d’une navigation sur du long terme.
Notre seul lien terrestre est Radio-Canada. Si hier, nous avons vu des gens se promener, aujourd’hui, personne n’a l’air de vouloir venir prendre un bol d’air sur l’île. C’est sans doute le vent, très frisquet, qui a eu raison des velléités. Mon capitaine est plongé dans l’étude des cartes et la journée sera sous le signe du repos.
Lundi 18 juin 2018
Depuis hier après-midi, la pluie a envoyé le soleil briller ailleurs. Ce matin, la brume crée une ambiance ouatée qui nous rappelle les films tournés en Scandinavie en hier. Nous sommes dans les dégradés de gris. Le mouillage est calme, mais le vend d’Est reste présent. Nous ne bougerons pas aujourd’hui. Toujours tributaires de la météo, nous organisons notre vie à bord en fonction de celle-ci. Actuellement, il fait 11° à l’intérieur. Nous allons sans doute allumer de chauffage. Toujours seuls, la radio nous connecte au monde. Tout va bien. Il faut attendre, c’est tout.
L’après-mdi s’embrume et le chauffage est en fonction. Côté pâtisserie, voici le résultat de la réalisation d’un premier gâteau à la poêle ; pas si mal. Il est rapide à réaliser et ne nécessite pas un four (économie de gaz). Pour la cuisson, 2O mn suffisent. C’est notre friandise durant les quarts.
Mardi 19 juin 2018
4 h 30, réveil sur les chapeaux de roue. Le temps de nous harnacher et de sauter dans les bottes et nous étions opérationnels pour un changement de mouillage express. Le vent Nord/Ouest nous oblige à contourner l’île et à nous installer au Havre Zoël. Comme il fait grand jour, la balade est chouette. Le cadre est sympa et nous sommes tranquilles. Nous prenons un petit déjeuner et retournons sous la couette.
Travaux de couture ce matin. Notre drapeau français part en lambeau, un ravaudage était indispensable. Comme il flotte au vent, il donne l’illusion d’être en bon état.
BAIE COMEAU - SEPT ÎLES
Départ 10 h - Arrivée samedi 18 h : 99 nautical mile
Mercredi 20 juin 2018
SEPT ÎLES - Havre Saint Pierre - Les Mingan
Départ 10 h 54 - Arrivée jeudi 8 h 15: 108 mille nautical mile
Nous avons eu droit à quelques pluies durant la nuit. Ce matin, c’est le grand calme au mouillage. Nous levons l’ancre en fin de matinée.
Navigation sans grand intérêt. Génois et vent discret sous un ciel couvert. Durant la nuit, c’est le moteur qui a pris le relai jusqu’au havre saint Pierre. Pas de coucher de soleil grandiose et petites pluies. Nous arrivons, heureux de nous arrêter après une nuit presque blanche où dormir n’était pas sur le planning. Les instructions nautiques indiquaient un feu à éclat pour indiquer le passage entre les îles et la côte (nous le cherchons toujours). Nous avons donc joué la sécurité et sommes restés tous les deux en veille. Le froid nous rappelle que nous sommes dans les territoires du Nord. Il parait que nous sommes en été ? La petite marina est mignonne et les pontons sont neufs. Nous avons été accueilli par un plaisancier qui s’est fait un plaisir à nous aider à apponter. Les pêcheurs, non loin de nous, sont souriants. Bref ! les gens semblent avoir le sens de l’accueil.
Vendredi 22 juin 2018
Grand soleil. Il fait 12°, presque chaud quoi. Après nos 12 h de sommeil, la dure nuit blanche est oubliée. Nous allons profiter de notre halte pour mettre à jour le journal (wifi trop faible à bord, il faut aller au secrétariat), ajuster nos réserves alimentaires et faire une lessive. Les activités sont très basiques, mais indispensables pour continuer l’aventure.
Ici, les îles sont très prisées. L’archipel fait partie de l’un des quatre parcs nationaux. L’on y retrouve des structures géologiques exceptionnelles (les monolithes) ainsi qu'une végétation de type boréal.
Le cauchemar continue…… Wifi défectueux !
Dimanche 24 juin 2018
Fête du Québec. Nous regrettons qu’il n’y ait aucunes festivités ici alors que toute la région semble faire la fête.
Nous devions partir aujourd’hui, mais la valve est toilettes a rendu l’âme. La bonne nouvelle est d’être ici plutôt qu’en navigation. Les travaux manuels du jours sont donc côté WC. L’occupation n’est pas vraiment passionnante, elle est pourtant essentielle.
Il pleut depuis le milieu de la nuit. Il est midi et ce ciel gris donne envie de retourner sous la couette. A part ces détails, tout va bien à bord.
Mardi 26 juin 2018
Havre Saint Pierre - Les Mingan
Départ 12 h 08 - Arrivée vendredi 29 juin 1 h 18 mouillage Western Arm à l’entrée de Red Bay. 51° 42,940’ N
56°27,763’ W
311 mille nautical mile
Il faisait soleil la première journée de navigation, mer assez formée, nous étions sous génois. Une houle vent arrière nous a fait penser à notre ami Jean-François. Nous lui aurions interdit de regarder autre chose que l’avant. Nous avons fait parfois du surf. La nuit a tout changé. Absence de vent et moteur obligatoire. Nous sommes restés sous ce régime jusqu’à l’arrivée (vent de face sur la fin). Les Grib’s n’avaient pas prévu la chose. Si l’on ajoute la pluie et la grisaille, pour finir par le brouillard, l’on peut affirmer que la navigation n’a pas été une partie de plaisir. Vous ajoutez un zeste de froid bien dosé et le cocktail devient difficile à avaler.
Tenir dans le cockpit et barrer a été compliqué (Froid, Fatigue font partie des 5 F que tous les marins connaissent bien et qui sont les problématiques essentielles de la gestion humaine d’une navigation).
Notre arrivée s’est faite au GPS. Il est 14 h et nous commençons à peine à entrevoir le paysage qui nous entoure. Il pleut et apercevons des plaques de neige ici et là.
Nous avons pu voir trois baleines noires, un superbe lever de soleil à 3 h 40 et une pleine lune qui donnait tout son caractère à la nuit.
Samedi 30 juin 2018
Il pleut toujours et le ciel est aussi gris que l’eau. Le mouillage est calme, nous sommes, comme toujours, seuls.
C’est un GRAND jour. Nous apercevons notre premier iceberg.
Dimanche 1er juillet 2018
Enfin en beau soleil qui change tout. Nous partons nous amarrer au quai de Red Bay. Le site est superbe ; ambiance Nordique.
Charlie vient nous voir. Il est mouillé dans la baie sur Oya. Chouette rencontre. Dans l’après-midi, le brouillard fait sa réapparition, autre ambiance.